Le rituel est un ensemble de pratiques ayant valeur symbolique. Il renvoie au sacré et met en jeu le corps. Le rituel donne le rythme.
Le rythme est la première chose que l’enfant entend dans le ventre de sa mère à travers les battements de son cœur. Il est une loi fondatrice. Le rythme se situe corporellement à l’étage somatique (au niveau du ventre), comme la colère. Il est relié à l’élément terre, au thème de la liberté et à l’instinct de création.
Pour qu’il y ait rythme, il faut qu’il y ait une résistance puis une libération voire un dépassement. Le rythme est irrationnel et suppose de perdre le contrôle. Il nécessite d’alterner énergie passive (Yin, féminine) et énergie active (Yang, masculine) sinon on est dans la stéréotypie, dans un processus sans fin, psychotique, dans une répétition à l’identique où l’autre, l’Autre n’a pas sa place.

Quelles sont les principales caractéristiques du rituel ?

– les rituels sont répétés et commémoratifs de moments importants pour la personne, le groupe, la collectivité,
– le plus souvent, les rituels se pratiquent en groupe,
– ils renvoient à la notion du temps, à l’idée de la vie et de la mort ; ils ont un début et une fin,
– Le rituel est accessible à tous et peut se compliquer, s’enrichir, se transformer au fil des séances et au gré des propositions des patients,
– Le rituel est un espace où les aires transitionnelles se rejoignent,
– Le rituel fait tiers au même titre que le groupe.

A quoi sert le rituel dans un processus de soin ?

Le rituel permet de :

– poser un cadre structurant, de créer un espace potentiel dans lequel le patient peut oser rejouer un événement douloureux dans un climat bienveillant où le groupe est contenant.
– structurer le temps avec un début et une fin et d’ouvrir ainsi un espace au sein duquel chacun peut créer et exister autrement.
– “renarcissiser” le patient puisque, dans cet espace des possibles, le rituel est accessible à tous et les progrès, nettement visibles.
– renforcer le lien social par la construction d’un temps partagé et par la réminiscence d’un temps collectif (commémoration d’événements calendaires par exemple).
– inscrire le patient dans un processus qui l’autorise à penser qu’il pourra un jour aller mieux et sortir de l’institution.
– rappeler au patient qu’il appartient à la vaste communauté humaine et qu’une ce sens, il est mortel, il est un être social et singulier. Le rituel inscrit ainsi tout à chacun dans le règne humain (toute culture confondue) et dans une lignée transgénérationnelle.
– se relier à la nature via la commémoration d’événements saisonniers, porteurs de symbolique.
– favoriser le processus d’individuation par la place donnée à chacun dans le rituel.

En ce sens, le rituel a une vertu hautement thérapeutique puisqu’il permet au patient de canaliser ses pulsions, de prendre de la distance, de les réorienter, et de les transformer pour leur permettre de trouver une issue positive afin que les symptômes (tel le délire) soient moins invalidants pendant un temps donné qui peut être celui de la séance.

Mariette Strub

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