J’avais envie dans cet article de partager avec vous quelques-unes de mes réflexions.
Dans les formations « Management » que j’anime, il est souvent question de leadership, ainsi que d’autorité et de pouvoir.
Nous explorons et répondons aux questions suivantes :
- Quelles différences y a-t-il entre autorité et pouvoir ?
- Quels sont les fondements de l’autorité ?
- Qu’est-ce qu’une autorité légitime ?
Récemment, j’ai animé une formation auprès d’enseignants sur la conduite d’entretien et nous y avons abordé, entre autres, les conditions de succès d’un entretien et les points de vigilance.
Parmi les nombreux points évoqués :
- Ne pas perdre de vue l’objectif
- Garder la main si je mène l’entretien, …
S’en est suivi avec le groupe une réflexion autour des questions suivantes :
- Qui mène l’entretien ?
- Est-ce nécessairement celui qui déclenche l’entrevue ?
- Comment garder le cap ?
- Comment faire si le rapport de force n’est pas en notre faveur ?
- …
Prenons les cas suivants :
1/ Je sollicite un entretien car je candidate pour un poste.
2/ Je demande à être reçu par mon manager pour lui faire part de mon souhait de mobilité.
3/ Je suis parent et je demande au professeur principal de me recevoir au sujet de mon enfant.
Dans ces 3 exemples, nous pouvons nous demander : qui mène l’entretien ? le candidat ou le futur employeur, le collaborateur ou le manager, le parent ou l’enseignant ?
Ce questionnement m’a amené à distinguer ce qui relève du rapport et ce qui relève de la relation.
Dans un rapport, il est question des forces en présence, de densité, d’émotions et d’énergie (Par ex. un rapport de force ou un rapport sexuel, …). La densité apparaît quand on rencontre des résistances. Le rapport est « un jeu » qui s’appuie sur la colère et le manque et dans lequel, les différents s’attirent ou s’opposent. Il y a une notion de territoire.
La notion de rapport renvoie à une comparaison, à un positionnement relatif de l’un par rapport à l’autre. Ce positionnement peut être lié à un statut hiérarchique, à un ascendant de l’un des protagonistes sur l’autre du fait d’un pouvoir qui lui est conféré, de connaissances, voire de ses forces physiques, …
Le rapport entre deux personnes peut être assez aisément objectivable et il sera plus ou moins favorable aux protagonistes.
Parler de rapport social c’est parler d’un conflit qui construit deux groupes sociaux. La notion de rapport social renvoie à une division sociale inégalitaire macrosociologique.
Les relations sociales, quant à elles ne reproduisent pas nécessairement les rapports sociaux inégalitaires. La notion de relation sociale désigne une interaction entre individus. Elle se situe donc au niveau microsociologique. C’est sur cette base que se créent les liens interpersonnels entre les individus et leurs relations subjectives affectives. Dans une relation, il est question de mettre en contact, de relier les choses les unes aux autres. Dans une relation sociale, il y a un fil entre les personnes ; ce qui fait qu’une relation pourra être plus ou moins tendue.
Une relation peut être symétrique ou asymétrique.
Elle sera dite symétrique lorsque les personnes se considèrent comme des pairs, des égaux ; les échanges sont égalitaires.
Elle sera dite asymétrique lorsque les protagonistes ont des statuts différents comme dans les relations :
- Professeur / élève ;
- Prestataire / client ;
- Délinquant / policier ;
- Contrôleur / contrôlé ;
- Patient / médecin ;
- …
Bien sûr, il existe des relations asymétriques qui sont des relations de pouvoir. Dans la relation « de professeur à élève », le professeur a objectivement sur l’élève un pouvoir de sanction. Et ce pouvoir s’impose à l’élève. Or, pour que l’élève consente à y obéir, ce pouvoir doit être perçu par lui, comme légitime. Par ailleurs, et bien que dépositaire de ce pouvoir, l’enseignant n’est pas obligé d’en abuser, au risque alors, de verser dans l’autoritarisme. Tout l’enjeu est ici de construire une relation de confiance basée sur des règles connues, comprises et partagées auxquelles l’élève souscrira sans que l’enseignant ait besoin de rentrer justement dans un rapport de force (intimidation, menaces, promesses, culpabilisation, flatterie, …).
Par ailleurs et pour être efficace, une interaction doit mettre en œuvre des rôles complémentaires, c’est-à-dire, fondés sur l’acceptation de la différence.
Dans une interaction complémentaire, le comportement de l’un complète celui de l’autre pour former un tout.
Ainsi, le « rôle » de l’élève est de :
- Etre concentré et disponible
- Ecouter
- Comprendre
- S’approprier et mémoriser les connaissances
- Restituer ce qu’il a compris et retenu
Le rôle de l’enseignant est de
- Créer les conditions propices à l’apprentissage
- Transmettre des connaissances
- Vérifier que ces connaissances aient été comprises et retenues
Enfin, on dira d’une relation qu’elle est équilibrée lorsque chaque partenaire prend en compte les besoins de l’autre, que tous deux réussissent à faire des compromis pour arriver à des accords afin que chacun se sente valorisé et pris en compte.
Il me semble ici important de comprendre que la nature du rapport ne dit rien de la nature (asymétrique ou non) ou de la qualité (équilibrée ou non) de la relation entre les deux personnes.
C’est pourquoi dans un entretien, même si le rapport de force est favorable à l’un des deux protagonistes, celui-ci peut tout à fait installer une relation bienveillante et respectueuse. C’est probablement une des conditions nécessaires, sans doute pas suffisante, pour engager des relations saines, sereines et pérennes.
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Mariette Strub