Quelques repères historiques

La supervision s’inscrit dans les pratiques d’accompagnement. Elle est de plus en plus répandue mais n’est cependant pas nouvelle. Elle est née avec l’émergence du mouvement analytique. On parlait alors « d’analyse de contrôle » et dans les pays anglophones, « d’analyse de supervision » ou « supervision ».

La supervision s’adressait donc à des psychanalystes et le but était de les aider à repérer le sens du matériel qui leur était offert, ses charges pulsionnelles et affectives et les défenses en jeu chez le patient, tout cela compte tenu des processus de transfert et de contre-transfert mis en évidence par Freud dans la cure analytique.

Le transfert est l’ensemble des mouvements affectifs qui sont sollicités chez le patient au cours de la thérapie et qui sont éventuellement projetés sur le thérapeute. Ces mouvements transférentiels n’ont d’intérêt que dans la mesure où il y a contre-transfert.

Le contre-transfert est l’ensemble des mouvements affectifs suscités chez le thérapeute par ce qu’il voit ou comprend, par ce qui est dit, éprouvé ou mis en scène par le sujet.

Puis, la supervision va trouver d’autres terrains d’application tels que : le monde médical (groupes Balint), la thérapie, le champ social et aujourd’hui les organisations.

La supervision devient ainsi une pratique courante chez les coachs, les formateurs et les professionnels des ressources humaines en entreprise. En effet, ces métiers s’inscrivent dans une relation d’aide auprès de personnes ou d’équipes dont le(s) comportement(s) ou les situations vécues sont sources de souffrance. Dans le cadre de cette relation d’accompagnement, les professionnels seront exposés aux processus de transfert et de contre-transfert. Ces deux mouvements sont favorisés par la présence neutre du professionnel. C’est pour gérer au mieux ce contre-transfert, que les professionnels de l’accompagnement doivent régulièrement se faire superviser. En ayant conscience des effets du sujet chez lui, ils pourront faire la part de ce qui leur appartient et la part de ce qui appartient au sujet. Alors, et alors seulement, une perception-compréhension pourra advenir.

Qu’est-ce que la supervision ?

La supervision est un dispositif d’accompagnement individuel ou collectif. Il offre la possibilité de réfléchir sur le fonctionnement professionnel de la (ou des) personne(s) supervisée(s) afin de mieux en gérer les exigences. Pour cela, le travail s’appuie sur des situations concrètes et quotidiennes.

Pour définir de façon plus détaillée la nature de la supervision, on peut s’appuyer sur les écrits de Proctor (1986), d’après lesquels une supervision doit avoir un aspect :

  • normatif : le superviseur accepte (ou plus précisément partage avec le supervisé) la responsabilité de vérifier que le travail du supervisé est professionnel et déontologique et se fait dans le cadre des codes, lois et autres normes susceptibles d’être appliquées.
  • formatif : le superviseur agit de façon à donner au supervisé un feedback ou un sens d’action permettant au supervisé de développer ses compétences, ses connaissances théoriques, ses qualités personnelles,…, le supervisé devenant ainsi un professionnel de plus en plus compétent.
  • de soutien : le superviseur est là pour écouter, réconforter, confronter le supervisé lorsque interviennent les inévitables doutes, incertitudes et autres questions personnelles, et lorsque les questions du client sont abordées par le supervisé.

Ainsi, la supervision permet d’aborder :

– L’éthique
– Le savoir, le savoir-faire et le savoir être du professionnel supervisé
– L’identité et le potentiel du professionnel supervisé

Les deux types de supervision 

1/ La supervision individuelle

Il s’agit d’un accompagnement professionnel qui s’inscrit dans un processus formel et qui garantit le développement continu de la personne supervisée et l’efficacité de sa pratique professionnelle à travers une réflexion partagée, une appréciation interprétative et un partage d’expertise.

2/ La supervision collective

Il s’agit de l’accompagnement d’une équipe de personnes impliquées dans une activité dont l’intensité est susceptible de mettre à mal l’appareil psychique. L’enjeu psychologique est de ne pas laisser l’activité dans laquelle la personne s’est engagée la définir et la démunir jusque dans sa vie personnelle. La supervision implique une part d’analyse de la pratique réalisée par les membres de l’équipe afin d’ajuster cette pratique et d’en rester maître. Cet aspect de la supervision permet à terme de renforcer le professionnalisme et la qualité du travail réalisé en permettant d’élaborer une discussion sereine et professionnelle sur un sujet très complexe, intense et qui peut être douloureux.

Par ailleurs, la supervision va au-delà de l’analyse de la pratique, en permettant de travailler sur les implications affectives des personnes qui s’y engagent. Dans ce cadre, le superviseur favorise tout d’abord un partage, et un délestage émotionnel. Par suite, il facilite une co-construction de sens à partir de ce qui a été vécu. Cela permet à tout un chacun de se recadrer et de mieux appréhender les limites et les possibilités de son investissement.

A quels types de problématiques la supervision peut-elle répondre ?

Voici à titre d’exemple ce qu’il est possible de traiter dans le cadre de supervisions destinées à des consultants ou à des formateurs :

– concevoir des dispositifs pédagogiques, des programmes de formation (conducteur, contenus didactiques, exercices, …),

– analyser, comprendre et résoudre des difficultés d’ordre pédagogique (asseoir son autorité, susciter la participation, motiver les apprenants, renforcer la confiance en soi, gérer son trac, faire un exposé pédagogique, mettre du rythme dans ses animations, renouveler ses pratiques, …),

– bâtir une stratégie marketing (déterminer sa cible, clarifier son offre, rédiger une plaquette, …),

– élaborer et mettre en œuvre un plan d’action commercial (réussir son phoning, mener un entretien commercial, rédiger une proposition, savoir la défendre, fidéliser sa clientèle, …),

– renforcer son professionnalisme en tant que consultant (développer son écoute, gérer les conflits, négocier, conduire une réunion, présenter des recommandations, animer une équipe-projet, savoir créer la coopération, savoir renforcer la cohésion, savoir motiver ses interlocuteurs, développer son sens de la stratégie, identifier les enjeux et les acteurs-clés d’un projet, …).

Pour conclure …

Cet accompagnement spécifique aux consultants et formateurs se situe au carrefour du coaching, du conseil et de la formation puisque le travail peut porter autant sur le contenu que sur le processus, sur la personne que sur la situation-problème. Il intègre des éléments de connaissance des métiers de formateurs et de consultants, des savoirs sur les champs d’intervention de ceux-ci et enfin, une expertise dans les domaines de la psychologie et de l’accompagnement des personnes.

Le rôle du « superviseur » se rapproche de celui de sage-femme dans la mesure où il créé les conditions propices à un accouchement sans douleur. Il travaille à côté de son « patient » sans toutefois faire à sa place. Il est un peu l’homme de l’ombre qui œuvre en coulisse. Il aide, soulage, rassure, écoute, conseille, encourage et invite à l’action.

Si vous êtes intéressé, n’hésitez pas à me contacter.

 

Mariette Strub

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