L’échec scolaire et l’estime de soi

L’institution scolaire est un lieu par excellence où l’estime de soi va être mise à l’épreuve. Les indicateurs de réussite, tels que les notes vont permettre à l’enfant de savoir s’il a réussi ou non, autrement dit s’il a de la valeur et s’il est digne d’être aimé ou au contraire, s’il ne vaut rien au risque d’être rejeté.

Pour maintenir une estime de soi suffisante et éviter de tomber dans la spirale de l’échec voire de sombrer dans la dépression, l’enfant va développer des mécanismes de protection inconscients (du plus inoffensif au plus néfaste) :

1- Attribuer la réussite des très bons élèves à des capacités hors normes
2- Se comparer à des élèves qui réussissent moins bien
3- Ne pas s’estimer responsable de ses échecs
4- Créer des obstacles sur le chemin de la performance
5- Se désengager de l’école en minimisant son importance
6-Etre respecté par et pour son échec

Quelques présupposés sur l’échec scolaire

Voici quelques propositions : quelles sont celles qui vous semblent vraies ?

– Quand un élève est en difficulté, il faut commencer par lui redonner confiance en lui.
Faux car la confiance en ses capacités ne permet pas de mieux résister aux échecs.

– Quand un élève est en difficulté, il faut d’abord le faire travailler sur de exercices faciles.
Non car d’une part travailler sur des exercices faciles ne prépare pas à affronter la difficulté inhérente aux apprentissages. D’autre part, on renforce ainsi sa réussite donc une performance liée à l’intelligence.

– Quand un élève réussit enfin à faire un exercice, il faut le complimenter sur ses compétences.
Non, car complimenter un élève sur capacités revient à lui dire que ce qui est important c’est d’être intelligent et que les réussites permettent d’estimer son niveau intellectuel.

– Lorsqu’un élève a réussi à résoudre un problème difficile, il ne faut pas hésiter à lui dire qu’on est fier de lui.
Faux dans la mesure où en disant cela, on lui signifie qu’il est quelqu’un de valeur à nos yeux s’il réussit et donc qu’il ne vaut pas grand-chose lorsqu’il échoue.

– Lorsqu’un élève n’a pas réussi, il faut l’encourager en lui disant qu’il est assez intelligent pour trouver la réponse.
Faux. Cela ne fait que renforcer ses craintes : fournir des efforts ou ne pas réussir signent son manque d’intelligence.

Quelques pistes d’actions 

– Ne pas faire de compliments pour les succès faciles c’est-à-dire sans effort.
– Montrer que les situations d’échec sont dignes d’intérêt et que les erreurs peuvent aider à trouver des pistes pour aboutir à la solution.
– Complimenter les efforts fournis quel que soit le résultat plutôt que l’intelligence, les prédispositions ou l’enfant lui-même.
– Valoriser l’apprentissage plutôt que la performance.
– En cas d’échec, orienter l’enfant sur une autre stratégie.
– Dissocier image de soi et intelligence.

Mariette Strub

Ces éléments sont issus des travaux de Jean-Marc Monteil (directeur de recherche au CNRS au laboratoire de psychologie cognitive de l’université de Marseille) et de Delphine Martinot (membre du laboratoire de psychologie sociale et cognitive de l’université Clermont II).

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