A une époque où l’individualisme règne en maître, chacun se rêve en héros de sa propre vie.
Les héros d’hier étaient marqués par le sceau du courage et leur gloire était à la hauteur de leurs actes de bravoure, dédiés à la collectivité (tribu, village, pays, nation).
Aujourd’hui, les héros sont le plus souvent, soit des victimes isolées ayant été l’objet de violences, soit des personnes hissées au rang d’« icônes » dont la notoriété marketée n’a de consistance que la durée de leur exposition médiatique.

Il me paraît donc important :
– de redonner du sens à nos actes,
– de renouer avec les valeurs morales universelles,
– de réapprendre à s’adosser au collectif,
– de retrouver le courage de s’affirmer (pas contre l’autre), c’est-à-dire d’être au plus près de soi pour nouer avec autrui des relations saines et pérennes basées sur une confiance partagées.
En ce sens, « le voyage du héros » est une démarche riche pour accompagner les personnes ou les groupes sur le chemin de la connaissance et de l’accomplissement de soi.

QUELS EN SONT LES FONDEMENTS THÉORIQUES ?

Joseph Campbell était un professeur, écrivain, orateur, anthropologue et mythologue américain, célèbre pour son travail dans les domaines de la mythologie comparée et de la religion comparée et notamment pour sa théorie du mono-mythe. Il a analysé les histoires, contes et mythes du monde entier pour développer un modèle de développement en un cycle de douze étapes.
Selon Campbell, les héros ont une fonction très importante dans la société car ils permettent de véhiculer des moyens universels pour s’émanciper et pour s’épanouir.
Campbell soutient également que quasiment tous les héros mythiques, quelle que soit l’époque et la culture dans lesquelles ils vivent, suivent un parcours contenant au moins une partie de ce schéma. Ainsi, ils débuteraient leur périple à la suite d’un « appel à l’aventure » – ce qui implique que le héros quitte l’environnement dans lequel il a grandi. Il devra ensuite faire face au « gardien du seuil », premier obstacle dans son voyage qui, une fois franchi (la plupart du temps avec l’aide d’un mentor ou d’un guide spirituel), lui permettra de pénétrer dans un monde plus spirituel – généralement représenté par une forêt sombre, un désert, une grotte ou bien encore une île mystérieuse. Il va y subir une série d’épreuves lui permettant de dépasser son mentor et d’accomplir enfin l’objet de sa quête (le plus souvent une réconciliation avec le père, une union sacrée ou une apothéose) représentant symboliquement l’émancipation. Il retournera ensuite chez lui complètement transfiguré par l’expérience de son voyage initiatique.
Dans son essai de 1949, Le héros aux mille et un visages (The hero with a thousand faces), Campbell expose sa théorie du mono-mythe, affirmant que tous les mythes suivent les mêmes schémas archétypaux.
L’ouvrage de Campbell inspira, entre autres, Berne (le père de l’Analyse Transactionnelle), Erikson, Maslow et Bateson dans leurs propres réflexions et conceptualisations de modèles de développements basés sur des cycles.

EN QUOI CONSISTE LA DÉMARCHE ?

– Le Voyage du héros est une base narratologique destinée à construire des voyages initiatiques.
Ainsi, dans des œuvres plus contemporaines, les trilogies Star Wars, Willow, Pirates des Caraïbes, Matrix, et Le Seigneur des anneaux collent de très près à ce schéma archétypal. La série télévisée Lost aussi par l’intermédiaire de Jack.
– Le Voyage du héros est une métaphore des forces mises en jeu quand on aborde une nouvelle période de sa vie.
– Le Voyage du héros est une formalisation structurale du parcours de vie.

QUELLES SONT LES DIFFÉRENTES ÉTAPES DU VOYAGE ?

Le voyage du héros peut être résumé en sept grandes étapes :

1. Le héros dans son monde ordinaire : il s’agit d’une introduction qui fera mieux ressortir le caractère extraordinaire des aventures qui suivront. En règle générale, la situation actuelle est mauvaise, au bord du renversement. Il doit donc se passer quelque chose.

2. L’appel à l’aventure. Il se présente comme un problème ou un défi à relever. Le héros tout d’abord réticent – il a peur de l’inconnu – sera encouragé par un mentor, vieil homme sage ou autre. Quelquefois, celui-ci donnera au héros une arme magique qui lui permettra de franchir le « seuil » de l’aventure, de dire oui à l’inconnu et d’entrer dans un monde extraordinaire. Il ne pourra alors plus faire demi-tour. Le mentor n’accompagnera pas le héros dans l’aventure puisqu’il devra seul affronter les épreuves.

3. Les épreuves. Cette étape est celle lors de laquelle il est le plus vulnérable. Il va affronter des difficultés et subir une série d’épreuves. Il va également rencontrer des alliés qui lui proposeront des forces (que le héros acceptera ou refusera) et des ennemis. Puis, le héros va atteindre l’endroit le plus dangereux, souvent en profondeur, où l’objet de sa quête est caché. Enfin, il va subir l’épreuve suprême et affronter la mort.

4. L’accomplissement de la quête. Le héros va atteindre son objectif et s’emparer de l’objet de sa quête : l’élixir qui va donner au héros un savoir important.

5. Le chemin du retour. Parfois, il s’agit encore d’échapper à la vengeance de ceux à qui l’objet a été volé. Puis, le héros revient du monde extraordinaire où il s’était aventuré, transformé par l’expérience.

6. L’utilisation de l’objet de la quête pour améliorer le monde. Le héros revient dans le monde ordinaire et va utiliser l’objet de la quête pour améliorer le monde (donnant ainsi un sens à l’aventure).

7. Le nouvel appel.

EN QUOI CETTE DÉMARCHE EST-ELLE INTÉRESSANTE EN COACHING  OU EN THÉRAPIE ?

– Elle utilise la stratégie du détour et l’analogie dans un cadre ludique qui facilite l’émergence de la créativité et permet de sortir des sentiers battus et d’envisager les possibles (Se donner des Permissions).

– Elle est une démarche structurée et structurante et apporte, ainsi, la sécurité nécessaire pour lever les résistances et oser s’aventurer vers l’inconnu (Protection).

Par conséquent, ce travail métaphorique est la voie royale d’accès à l’autonomie (Puissance).

On retrouve ici “le modèle des 3P” ou développé par Eric Berne, le père de l’Analyse transactionnelle.La Protection consiste à fixer des règles et des limites et à assurer ainsi la sécurité. La Permission consiste à encourager, autoriser l’expérimentation et  à accepter l’erreur. Ainsi, la personne entre dans la Puissance créative quand la Protection et la Permission sont fortes.

Notre approche pédagogique singulière du « Voyage du héros » se veut multidimensionnelle. Ainsi,
• Nous faisons appel aux sens (visuel, auditif et kinesthésique),
• Nous travaillons avec les différents états du Moi (Enfant, Parent et Adulte),
• Nous intégrons les dimensions d’espace et de temps,
• Nous utilisons différents modes d’expression artistique (écriture, dessin, collage, théâtre, …),
• Notre analyse porte aussi bien sur le contenu (le réel exprimé, les représentations invoquées, le symbolique) que sur le processus (nature de l’engagement émotionnel, procédural, cognitif, individuel et groupal, …).

A QUELLES PROBLÉMATIQUES CETTE DÉMARCHE PEUT-ELLE RÉPONDRE ?

– Faire face à un changement personnel ou professionnel, qu’il soit choisi ou subi.
– Elaborer un projet et en étudier la faisabilité.
– Mieux se connaître : redécouvrir ses ressources personnelles et apprivoiser ses peurs.
– Redevenir acteur de sa vie, retrouver son autonomie de décision.
– Favoriser le déploiement de la personne dans le sens de son autonomie et de ses valeurs propres.
– Renouer avec sa créativité.
– Prendre conscience et se libérer de son scénario personnel.

 

Mariette Strub

2 thoughts on “Le voyage du héros, une démarche d’accompagnement métaphorique

  1. Je ne regrette pas d'avoir perdu 10 minutes à lire quelques uns de vos articles. Ce dernier est particulièrement bon. C'est super de partager cela. Merci à vous de partager vos idées et votre vision avec les autres, il semble qu'on ait pas mal d'atomes crochus 🙂 et j'aime ça. Je reviendrai. Au plaisir de vous lire.
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