Au nom du principe républicain d’Egalité, les rapports entre les nations, entre les Hommes, entre les hommes et les femmes, entre les générations sont largement emprunts de confusion.

I- De la différence des sexes

En effet, le modèle socioculturel, de l’homme et de la femme, véhiculé dans la société occidentale n’est plus sexuellement différencié. Ce qui nous est proposé et ce à quoi, il nous est demandé d’adhérer, renvoie d’un côté, à l’hermaphrodite ou de l’autre, à l’ange.

– d’un côté, mi-homme, mi-femme, nous possèderions ou devrions posséder les deux sexes (le masculin par Hermès et le féminin par Aphrodite). Etre à la fois le Principe Masculin et le Principe Féminin renvoie aux toutes 1ères étapes de la conception de l’être humain, lorsque le foetus n’est pas encore sexuellement déterminé et que tout est encore possible. Cela fait tout naturellement écho à la « toute puissance » et à la quête illusoire de retrouver cette matrice primordiale dans laquelle nous fusionnions avec notre mère pour ne faire qu’UN.
Ceci peut s’illustrer également à travers l’injonction paradoxale à laquelle les femmes sont confrontées.
D’une part, faire des enfants pour satisfaire à un critère de normalité. Il est dit que l’épanouissement de la femme passerait par le fait de devenir mère. Il serait dans l’ordre des choses de devenir mère. C’est la Nature qui veut ça, …
C’est d’ailleurs une des craintes récurrentes et légitimes de tout recruteur lorsqu’il reçoit dans son bureau une jeune femme entre 20 et 40 ans. De même, lorsqu’un homme et une femme sont en couple depuis quelques temps, la famille et la belle-famille ne tardent pas à s’enquérir du futur projet de grossesse.
D’autre part, ne pas faire d’enfant pour s’épanouir professionnellement et répondre aux normes et valeurs de l’entreprise mas aussi, à son mode de fonctionnement. Il est certes plus difficile d’être flexible, disponible, mobile géographiquement lorsque l’on a une famille.

– de l’autre côté, ni homme, ni femme, nous serions de purs esprits, hors notre corps physique, à savoir, sans émotion et sans désir (notamment sexuel). Nous serions assimilables à des machines sans état d’âme et ainsi, malléables à loisir. On retrouve, par exemple, cette forme de pensée au travers du profil de personnalité pathologique du «pervers narcissique » qui pratique le harcèlement moral réduisant ses victimes à des objets. De même, la publicité instrumentalise les enfants, les femmes, … pour en faire des prescripteurs au service d’un consumérisme toujours plus grand.

Cette invitation à n’être ni tout à fait femme, ni tout à fait homme ou tout à la fois homme et femme est source de frustration, de négation de soi et nous conduite à rencontrer l’impuissance.
Or, nous savons, depuis les anciens, et Carl G. Jung nous l’a rappelé, que chacun d’entre nous possède une dimension féminine, réceptive, Yin et une dimension masculine, émettrice, Yang. De plus, notre condition humaine, qui passe nécessairement par l’incarnation, source de vie, nous invite à reconnaître ces deux parties qui coexistent en chacun de nous et à accepter la part d’ombre qu’elles contiennent l’une et l’autre.

Comme le disait Confucius, il s’agit de trouver « le juste milieu du milieu juste ».

II- De la différence inter-générationnelle

Par ailleurs, la norme qu’il nous est demandé d’épouser aujourd’hui est celle d’une personne mince, saine, heureuse, mais surtout, jeune. Le temps dans sa dimension chronologique est nié.

Quelques exemples :

– on provoque son accouchement pour convenances personnelles,
– on consulte son enfant pour choisir la voiture de la famille,
– on se saigne aux quatre veines pour acheter de la marque à son ado,
– à 30 ans, on commence à tâter de la chirurgie esthétique,
– à 45 ans, on est considéré comme étant trop âgé pour travailler en entreprise,
– Arrivé au 3ème âge, les enfants nous envoient en maison de retraite.

On aimerait comme le définit la physique quantique que le temps de la question et celui de la réponse se confondent. Or, même si le temps est relatif, même s’il arrive qu’une question lorsqu’elle est bien posée contient la réponse, on ne peut faire fi du cycle de la nature qui veut que le printemps précède l’automne, qu’une grossesse humaine menée à son terme dure 9 mois, que ce sont les parents qui engendrent les enfants et non l’inverse, …

Bref !!!

Qu’il existe un ordre des choses, une structure qui nous dépasse et à laquelle il est important de souscrire sans résignation mais dans une acceptation paisible et contenante.

Mariette Strub

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